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de la peſte de Marſeille


de cette dependance, & devenus leurs maîtres, ſe hâtoient de ſatisfaire une aveugle paſſion qui les poſſedoit dépuis long-temps, & de diſſiper un bien, dont ils ne s’attendoient pas de joüir ſi-tôt. Tels furent les motifs de la pluſpart de ces mariages, qui firent bien-tôt diſparoître du milieu du peuple la triſteſſe & la conſternation, que la terreur du mal y avoit répanduës. C’eſt alors que toutes ces maiſons où peu de jours auparavant l’on n’entendoit que pleurs & que gemiſſemens, ne reſſentirent plus deſormais que des cris de joye, & que l’on y vît ſucceder à la plus triſte deſolation les jeux, les plaiſirs, les feſtins, le diray-je ? les Bals & les Danſes. Etrange aveuglement qui en nous rendant inſenſibles à tant de malheurs, peut nous en attirer encore de plus grands pour l’avenir !

Tous ces Mariages cependant conclus ſi à la hâte & conſommés de même firent de nouveaux malades. Car tantôt c’étoit un jeune-homme nouvellement débarqué, que des entremeteuſes charitables ſaiſiſſoient, pour ainſi-dire, au collet, & en ar-

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