Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/417

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de la peſte de Marſeille


les Cochons, & qu’il n’y a en cette Ville que les Forçats, dont les féves ſoient la nourriture ordinaire, ils n’ont pourtant pas été les plus maltraités du mal ; Enfin partout c’eſt la digeſtion troublée par la fraïeur & par la crainte ; ſur ce pied la perſonne n’auroit échapé à la maladie, car il n’en eſt aucun qui ait été exempt de cette crainte, Eh ! comment s’en ſeroit-il garanti luy-même ? C’eſt pourtant à la faveur de cette crainte, que les plus prudens ſe ſont ſauvés du malheur commun.

Les obſervations ne contiennent rien d’extraordinoire que l’attention du Médecin à ſuivre les malades jour par jour, au reſte elles chantent comme la Lettre, ſi une mere meurt en 24. heures, c’eſt parcequ’elle eſt occupée du danger qui menaçoit ſon fils, & ſi le fils entre en phreneſie, c’eſt parcequ’il eſt effraïé de la mort de ſa mere. Voilà toûjours mes gens qui ramenent tout à la peur. C’eſt là leur grand reſſort qu’ils font mouvoir comme ils veulent. Ils n’oſent pas mordre à la pomme, & nous apprendre d’où eſt venuë cette peur dans le premier