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Relation Hiſtorique


gulierement deux fois par jour, & toutes les fois que le ſervice le demandoit : & ainſi tout le Corps des Galeres fût en peu de jours ſeparé du reſte de la Ville, & la rendit encore plus deſerte & plus ſolitaire.

La communication entre les Galeres & la Ville eſt trop libre, pour ſe flatter que le mal n’en eût pas aproché. Il étoit difficile que parmi les équipages quelqu’un ne fût déja infecté, ou que quelque Forçat n’eût pris en Ville quelque impreſſion contagieuſe, avant qu’ils fuſſent reſſerrés : car on a aprofondi l’hiſtoire de Boyal, un des deux premiers malades, dont nous avons parlé : on diſoit qu’il avoit couché le ſoir ſur la Galere la Gloire, & qu’il y avoit porté le mal ; que c’étoit dans cette Galere que la contagion avoit commencé, & qu’elle avoit été la plus maltraitée. Il eſt bien vrai que cet homme coucha ſur la Galere la Ducheſſe, un ſoir qu’il trouva ſa maiſon fermée, & que l’Argouſin de garde étant de ſes amis, l’y reçût, & l’y prêta même ſon lit ; mais auſſi il eſt vrai, qu’ayant apris ſa maladie, avant