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dans le feu. Pourquoi fait-elle une figure comme s’il y avait un mâlheur, pour aller brûler un petit papier !

Allez n’gotte fer veye voss bai nou jâgau à voss matante Dolphine, allez, dit mon oncle en prenant ses bériques dans le beau sucrier de porcelaine où il les met toujours. Quand il ne sait pas quoi faire, il lit encore une fois la vieille gazette, l’Avenir du canton de Soumagne, parce que la nouvelle ne vient que dimanche, à la semaine.

Chez ma tante Dolphine, c’est ici tout près, trois maisons plus loin. J’irais bien tout seul, mais ma grand’tante a déjà mis son châle à carreaux verts et noirs qui va plus haut que ses oreilles, et elle me pousse fort mon chapeau sur ma tête. Comme je le fais toujours tourner au bout de mon doigt, il lui a venu une pointe, à mon chapeau, hi, hi.

Nous sortons par le chemin tout blanc entre deux gros murs de neige toute neuve.

Il fait froid, et voilà qu’mon nez est bouché et que je dois laisser ma bouche ouverte pour marcher. Et quand je pousse fort mon haleine, ça fait une petite fumière comme la machine du convoi ; alors je le fais tout le temps.

Sur la route, il y a les roues des charrettes qui ont boulé et ça fait des belles plaques toutes douces et reluisantes comme en dedans de la couverture du beau livre de messe de ma tante. Je mets mon pied sur une des places de neige dure, je ride et je tombe. Comme on est vite à terre ! on ne sait pas