Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 12, Batte les coqs, 1916.djvu/14

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Attinchon, mes gins, crie Lovinfosse, qui a renettoyé la treille.

Et voici le gros Hangneye qui apporte et jette son coq comme un paquet dans la treille. Le coq tombe droit sur ses pattes comme un chat et ne bouge pas. Il est énorme, tout rossai et rouge avec des petites lignes noires dans les plumes jaunes de son cou. On l’appelle Bonapare, tout le monde le connaît, on parle si souvent de lui dans le village, comme si c’était un homme, tellement qu’il est fort et malin et qu’il a fait des choses. Il a un bec tout noir qui est presque comme la corne de la chèvre de tante Dolphine. Et des gros yeux rouges qui brûlent quand il ne tire pas dessus une petite peau blanche. Sa crête est large et violette et sa tête pointue a l’air d’une plantroule qu’on aurait plié. A ses grosses pattes comme des bâtons de zinc, on voit deux sporons grands comme mes doigts du milieu, et ils tournent lentement un autour de l’autre quand Bonapare fait un pas.

Qui est-ce l’aute ? demande Vix-Jean à un homme par-dessus moi.

C’est Bargarî, ine Itâliyen, on soffleu à boteyes à l’ouhenne Vastré ; ji n’a nin co veyou s’coq, mains il paret qui c’est ine saquoè d’fâmeux qu’a battou tos les autes è pays d’Nâmeur, Misse qui s’maisse ovréve jisqui dièrainemint. Vo l'chal.

Et voici un homme avec un coq noir dans son bras. L’Italien dit bonjour à tout le monde en montrant ses dents ; il est habillé bien, avec un rond chapeau et un costume et une ceinture rouge qui tient son pantalon ;