Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 12, Batte les coqs, 1916.djvu/15

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il est crolé tout noir avec une moustache et une mouche comme un vrai monsieur.

Kimint lomme-t-on t’biesse ? crie un.

Nero, signor.

Quoi est-ce don çoula po on no ? Nos dirons Neurai, nos autes, puisqu’è neur.

L’homme met son coq à deux mains dans la treille et le pousse fort vers le gros Bonapare qui mettait sa tête entre deux barres pour avoir quelque chose. Neurai est plus petit que l’autre, mais si rapitte dà ! Il est tout noir excepté les pattes comme du fer et les plumes rondes de sa queue qui ont un vernis vert comme une dorure, c’est si beau. On n’a pas tout recoupé à sa tête, il a un peu de rouge comme barbe et crête. Il est drolle, tout noir.

Vos dirîz on curé, dit un homme.

Et Neurai qui est poussé par son maître continue à courir et... plik... il donne un gros coup de bec sur l’aile de l’autre qui ne s’attendait pas à ça. Ça sonne comme sur un coffre. Le gros Bonapare se retourne, il regarde, et il ne fait rien. Mais Neurai pique encore deux ou trois coups et l’attrape dans la viande de la patte. Alors le rossai saute et aboie comme un chien et il se jette sur le noir si fort qu’il l’écrase contre le grillage ; l’autre est renversé et avec ses sporons il gratte et il pique vers la tête du gros qui doit se reculer, peur pour sa vue. On crie et on parie, mais bien plus de pièces que sur les premiers coqs.

Ji wage tôt çou qu’on vont so l’neurai, crie Djôre, qui est déjà fort soûl.

Et mi, j’èl tins, l’wageure et ji t’bouhe