Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 4, Tourner aux oiseaux, 1916.djvu/10

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a pendu tout plein des gayoules et des prihnîres avec des oiseaux qui sautent de tous les côtés quand on vient tout près, et qui font voler la tchenne et la navette dehors à coup d’aile, tellement qu’ils ont peur. Il y a toujours la prihnîre aux pinsons qu’est couverte avec une toile noire. C’est pour qu’ils ne voient rien, alors ils chantent mieux.

Avant, ils pinntaient encore bien mieux, quand c’est qu’on leur brûlait les yeux avec un fer à tricoter tout rouge. Le garde-champette a venu dire une fois qu’il ne fallait plus le faire et mon oncle est encore tout fâché quand il en reparle.

— On n’sé pu qwet divni avou tos ces gazetix et ces feus d’discours qui n’kinohet nin pu l’tindreye et l’colebreye qui m’vix solé.

C’est vrai aussi.

Je marche derrière lui dans les herbes toutes mouillées et je m’amuse à tâcher de mettre mes pieds dans les places de ses sabots. Il ne veut pas, et il barbote quand il me voit, parce qu’il croit que c’est pour me moquer de lui. Sur la steule il y a comme des toiles d’araignées avec des gouttes d’eau, et dans l’air je vois des grands S qui volent lentement on ne sait pas où. C’est les fils de la Vierge, tout blancs, qui s’en vont si loin que quand je les regarde trop longtemps les yeux me piquent et je deviens tout bablou.

Quand nous arrivons à notre petite baraque, elle a l’air toute triste et pauvre avec ses murs de branches. On ne voit presque pas les piquets et les planchettes et le milieu