Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 4, Tourner aux oiseaux, 1916.djvu/15

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Alors, quand je la tiens bien, je mets mon pouce sur la petite bosse en os qu’elle a sur la poitrine et je pousse fort. Ça craque un peu et l’oiseau me regarde tout drolle avec des yeux comme des têtes d’épingle ; je sens bien que son estomac pousse contre mon doigt, mais je mets mon autre main avec et je serre de tous mes plus forts.

Alors la bèguinette ouvre un peu son bec pointu, puis il vient comme une petite peau grise sur ses yeux et elle me regarde encore par une petite fente comme quelqu’un qui s’endort et qui ne comprend plus bien ce qu’on lui dit.

Je suis fatigué de lui écraser le corps, j’ai mal au doigt ; enfin elle laisse tomber sa tête de côté et referme les doigts de ses pattes comme des petits pinceaux.

Je la tire du herna par en dessous et je la mets dans la poche de mon paletot : Je veux la mettre à part, la cuire dans une petite pailette pour moi tout seul, et la manger toute, crohi la tête et les tripailles et tout. C’est moi qui l’a tuée et il me semble qu’elle sera encore plus meilleure.

— Nos allant d’teller, vola l’solo, dit mon oncle, qui a rempli la reusse et fait encore un hopai d’oiseaux que nous mettrons dans la poche du sac au herna avec les petits crocs de bois.

Nous défaisons tout ; pendant que je raskoye la corde des mowes en la tournant sur le bois, il refait des belles grandes haspleyes avec le herna, puis avec le séchant. Je tiens