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LES CEUX DE CHEZ NOUS

QUAND J’ÉTAIS P’TIT

IV

Tourner aux Oiseaux.

Ça fait krouk krouk quand on marche sur la steule. Nous allons faire une place pour la tenderie ; mon oncle marche devant en faisant glisser ses sabots sur la jaune siteule qui est comme une grosse brosse.

Quelquefois, quand c’est qu’on a coupé les grains trop ras, elle est si dure, la steule, qu’elle ne plie pas tout de suite en dessous de mes souliers, et alors quand elle se laisse aller, je manque de tomber ; mais alors, les strouks piqueraient bien ma viande à travers de mes grands bas et de mon costume. Je porte les quatre planchettes où qu’il y a un trou foré avec la plus grosse mèche du windai ; je mets mon doigt dedans, ça gratte, puis il me semble tout d’un coup que je ne saurais plus le ravoir dehors.

C’est parce que je l’avais plié, mon doigt ; mais j’ai eu peur un petit moment et je m’amuse ainsi, pendant que mon oncle marche toujours devant sans rien dire. Comme il ne me parle jamais que pour me barboter, alors j’aime bien d’aller avec lui, mais en restant un peu plus loin.