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Il porte deux vieux bouçons sur son épaule avec une lignoule passée dedans ; mais ce n’est pas le bon séchant qui est resté dans Le grenier avec tout le herna. En dessous de son bras il a les cinq piquets et un gros marteau pour les chasser en terre, et une pôle pour faire la baraque.

Voilà qu’il met tout à terre, et je mets les planchettes tout près. Pendant qu’il fait une méchante figure pour mesurer des pas de ce côté-ci, puis par là, et qu’il compte et puis recommence, moi je regarde de tous les côtés dans la campagne où que je n’ai pas venu souvent.

Il y a le chemin de fer là, un peu plus loin ; il y a un remblai tout jaune, qui tourne et va dans les arbres où on ne voit plus rien. Et justement voici un convoi qui passe. Il a l’air si comique de loin, tout petit, et il semble qu’il va si lentement. On dirait qu’il est mis tout légèrement sur le haut remblai jaune, et on voit si bien toutes les roues tourner, parce qu’il y a derrière un grand morceau de ciel.

Quand le convoi tourne, il fait une petite fumière blanche, et bien longtemps après, seulement, on entend un tout petit coup de sifflet de la machine û û û ût ! Je fais comme elle, je mets mes coudes contre mon corps en faisant tourner mes poings, puis, après que j’ai tûtlé comme le sifflet û û û ût, je pars tout lentement d’abord en faisant des méchants yeux et en frottant mes pieds. Tch, tch, tch !