Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 6, Faire faire mon portrait, 1916.djvu/10

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vieille femme avec des lunettes et une gâmette, en venant de l’autre côté du comptoir par une petite porte.

— Est-ce on chapai po v’marier qui v’fareut mutwet ? qu’elle demande à Thoumas.

— Ji n’a mesahe di rin, mi, qu’il dit tout fâché. C’est j’ône moncheu chal qu’il fât ahessi.

— Ah! c’est pour toi, fis.Qu’est-ce qu'il te faut donc, fils ? Raconte un petit peu.

— Un nouveau chapeau qu’il me faut.

— N’aimes-tu pas mieux un bonnet écossais, fils, avec deux beaux rubans qui pendent ?

— Un nouveau chapeau qu’il me faut, moi.

— Pas besoin de crier comme ça, t’en aura un, fils.

Pourquoi est-ce qu’elle m’appelle toujours fils. Comment sait-elle ça, et à quoi est-ce qu’elle le voit ?

Elle a pris une ronde boîte bleue où qu’il y a un paquet de chapeaux comme le mien. Je veux le même, un tout pareil, et qu’il soit rouge en dedans, une belle doublure avec des lettres d’or. La vieille femme me les essaye en me mettant toujours le chapeau vers la hanette pour voir à ma figure s’il va bien. Mais moi je le rattire toujours en avant sur mes sourcils parce qu’il me plaît.

Elle veut me faire prendre un qui est doublé blanc en dedans. Et moi je veux le doublé rouge.

— Mais il est trop grand, fils, celui-là. Il