Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 7, Mal de dents, 1916.djvu/7

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N’y tusez nin, v’dis-je. Leyiz-l à réz. Tinez, volez-v’ mi d’mêler ine haspleye di laine so deux cheyires ? Louquiz on pau quelle belle djoleye coleur po des châses por vos.

— Non, je ne saurais pas. Quand c’est que je pense seulement à mes ongles qui grattent sur de la laine, j’ai encore plus mal mon dent.

Taihiz-ve, ennocint m’vé, avou vos boègnes contes. Hoûtez n’gotte, allez è djardin tot v’s’amusant, et s’copez-m’ deux pougneyes di foyes di surale po l’sope.

— Djan, taisez-vous aussi. Quand je pense à la surale, ça me pique encore plus fort et l’eau me coule dans la bouche.

Biesse ! On n’pout rin avou fou d’twè, todis.

— J’ai mal, moi !

N’y tusez nin, bâbô, quand on vs’el dit, vormint.

Elle a bien facile, elle, ma tante, de dire qu’il ne faut pas y penser. Ce n’est pas son dent, est-ce pas ? Et quand c’est qu’il veut pleuvoir et que son aguesse la fait assoti, elle kipitte tout le ménache. C’est bon allez, quand c’est qu’elle aura encore mal à la pie de la béchette de son petit doigt de pied, je lui dirai de ne pas y tuser !

Quand c’est qu’on me donne des calottes pour m’apprendre, je voudrais bien ne pas y penser aussi, et je dis toujours en exprès : « je n’ai pas mal, tiens ! » malgré que ça pique fort, et qu’il me faut frotter beaucoup,