Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 7, Mal de dents, 1916.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et même tirer la peau de ma tête en haut, par mes cheveux, pour faire partir le mal.

— Qu’est-ce qui faut faire donc, Trinette, quand on a un dent qui barloque comme ça ?

Vo n’polez mâ. Djan, il n’a co nou risse di mori c’cop cial. Qui dirîz-ve donc, si on d’véve vi côper n’ jambe, ou kteyi d’vin les boyais comme à Bavire ? Et l’marchand d’cossets donc, li houlé Nicaise, qu’ine troye l’a si bin hagni es pogne qu’on a d’vou li r’côper treus deugts et broûler l’playe avou on roge fier. Et l’grand Hinri donc, qu’as t’avou on côp d’pid di ch’vâ qu’a hiné de cou es stâ qui li a bouhî on boquet foû del tiesse ! Et l’homme d’âx Six Pius, donc lu, qu’a stu rosti à crahai qwand s’mohonne a broûlé ! Corez èvoye avou voss dint ; vo n’polez co mâ, allez !

— Mais j’ai mal quand même, moi, que je crie en donnant des coups de pied à terre. Je voudrais si bien jurer tout plein des n… d… D… comme un houyeux, mais il m’faudrait aller l’dire à confesse au gros vicaire, qui me barbotera encore une fois tout haut comme l’autre fois.

— Djan, Trinette, dites un peu quoi est-ce qu’il faut faire ?

Mettez on pau dè pèket d’su avou vos deugt.

Et elle va au gré de la cave pour me vider un peu du pèket dans un plateau de terre.

Je vais me mettre à la petite fenêtre où qu’on voit sur la route où qu’il passe de temps en temps un grand long « bennai » de charbon tout noir et étroit, avec trois chevaux