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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/137

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RELIGIONS

qui courent entre deux côtes. Je la trouve si symbolique de nos malheurs présents ! Rien, il n’y a plus rien à sa place ! Une messe dans un buffet ou dans une gare ! À la messe, il faudra bien penser à des voyages et à des menus.

Je rentrai à mon hôtel. Dans ma chambre, je retrouvai la messe ! Elle m’arrivait à travers la cloison. Mon voisin l’écoutait en faisant sa toilette : le bruit de l’eau se mêlait aux orgues. Brusquement, il dut l’arrêter. J’entendis la voix du speacker — c’est bien ainsi qu’on dit ? — cette voix satisfaite de Sganarelle primaire, qui répand des vérités définitives sur un monde d’imbéciles.

Je regardai mon singe, il était triste ; le Ravi : il était gai ; l’Égyptien, il se gardait de rien être. Je n’avais pas enlevé mon chapeau : je ressortis. Dimanche. Je me dirigeai vers une église. Je me disais : « Prier, seule réponse à tant de désordre ! Monter à Dieu ; laisser les hommes. » Je vous surprends ? Vous ne me saviez pas pieux ? Je n’ai pas changé, hélas ! Je me demande toujours ce qu’il faut croire. Mais j’ai des élans. Les églises me sont un refuge. Je n’y entre pas, je m’y précipite. Puis je reste des semaines sans y aller, lorsque, comme aujourd’hui, j’y suis blessé.

Récemment, j’ai trouvé dans mon courrier une lettre de Reims qu’ornait ce cachet