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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/206

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CHRONIQUE D’UN TEMPS TROUBLÉ

Le but du Congrès, — international grâce à Dieu, ce qui permet à la folie de s’étendre, — était d’apprendre aux parents à élever leurs enfants. Louable idée, mais vaste. Le programme précis de la journée se trouvait être : « L’éducation sexuelle chrétienne. » Je suis depuis longtemps convaincu qu’il n’y a sur ce sujet rien à apprendre, mais tout à éviter. C’est le bolchevisme, qui en remplaçant la pudeur par l’hygiène, a tourneboulé la tête des démocrates chrétiens. Comme toutes les troupes dont le destin est d’être vaincues, ils ont accepté la lutte sur le terrain qu’on leur offrait ; et ils sont divagants, tel le Roi Lear sur sa lande. Le jour où j’ai pris ma part du spectacle, il se composait d’un discours de Mme Lherminat, Présidente de la « Ligue de l’Oasis chrétien », et d’une conférence du Pasteur Bleakok de Philadelphie, le tout sous la présidence d’honneur de Mgr Dumont de la Plaine, évêque d’Alabama.

J’étais en avance, mais dans une salle remplie bien avant l’heure. Je réussis à avoir une place de côté, ce qui me permit de voir le public de profil, et de me rendre compte de sa composition. Mères de famille assez sévères, vêtues de sombres couleurs, une vingtaine d’abbés, tête haute, qui semblaient venus à la conquête d’un droit, quelques hommes résignés, des maris qui s’étaient