— Mais il y a la mort, Monsieur !
— Qu’on possèdera, M’sieur ! Affaire de temps !
— Croyez-vous qu’alors vous vivrez à coup sûr ?
— Il y a des chances !
— Et si je vous tue ?
Il en resta bouche bée. Il n’avait pensé qu’aux hommes qui ne veulent pas mourir, sans réfléchir à ceux qui veulent donner la mort ! Mais je sentis qu’il se disait : « Cela, c’est encore du fascisme ! » J’avalai mon café, saluai, partis, puis me mis à courir… comme un assassin !
Quand je pense que j’étais sorti pour parler ! Je n’avais plus qu’une pensée : rentrer pour me taire. On nuit à tous ces gens, en parlant même un peu, puisqu’ils parlent déjà trop. Leur grand malheur, c’est ce qu’ils appellent les idées ; les idées, qui viennent de partout, et tombent par douzaines, sur des êtres démunis. Pas une n’est vérifiée, pas une approfondie. Ils les acceptent, comme les chefs de gare, les soirs de fêtes, reçoivent les foules qui leur arrivent. Eux du moins se dépêchent de les entasser dans des trains ; les trains partent ; ils ne les voient plus. Tandis que les autres demeurent parmi cet essaim de mauvais insectes ; ils sont piqués ; ils enflent !
Vous savez la phrase chère aux Français.