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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/91

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Delaurent, spécialiste des affections nerveuses. »

Ma sœur sauta :

— Oh ! vous croyez que ce sont les nerfs qui chez moi…

— Chez tout le monde, chère amie, dit le bon maître, ce sont toujours les nerfs !

Soumise et confiante, elle se rendit chez ce Delaurent. « Il ressemble à Bismarck, » m’a-t-elle dit. Il se leva, s’avança vers elle, posa la main sur son crâne :

— Savez-vous, lui dit-il, que vous avez là un encéphale, d’où partent toutes vos énergies ?

Elle murmura :

— Justement, docteur, je n’ai plus d’énergie…

— Si, madame, puisque vous parlez encore ! Faisant suite à cet encéphale, vous avez ici (il lui toucha le dos) le long cordon de la moelle épinière, qui communique par de fins rameaux avec les lacis du grand sympathique. Le savez-vous ?

Elle devait être comme une petite fille, calmée maintenant par les mots. Elle dit qu’elle savait. Alors, il continua. Partant du grand sympathique, en direction des organes, les nerfs, ces véhicules des forces mentales. Et il résuma. Le cerveau émet des forces ; les plexus les transforment ; les organes les utilisent.