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VI


En quittant A… avec son régiment, Gaspard n’avait jamais pensé qu’il y reviendrait avant le grand retour : celui de la paix. Il eut l’âme en détresse d’y rentrer en pleine guerre, sans que rien fût conclu, lorsque tout commençait, car les trois premiers mois ne semblaient bien qu’un prologue, — prologue en coup de tonnerre, retraite et puis victoire, — mais d’après les Anglais ce n’était là qu’un début, et les gens flegmatiques disaient : « Quand, dans six mois… »

— Six mois ! faisait Gaspard. Si c’était vrai pourtant…

Ah, il avait le nez long en rentrant au Dépôt ! Le Dépôt ! Le nom seul est si laid, si médiocre ! Et la chose est, hélas, bien plus atroce encore. Parmi toutes les misères que la guerre nous enfante, le Dépôt, c’est-à-dire la vie de caserne à l’heure où l’on se bat, la farce du temps de