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Page:René Benjamin - Gaspard, 1915.djvu/255

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GASPARD

Le lendemain, dès neuf heures, il courut à la mairie.

Là, on lui annonça :

— Pas mèche en moins de cinq jours.

Il sortit des papiers.

— Pisque j’en ai qu’ trois !

— Puisqu’il en faut cinq.

— Alors, à quoi qu’ ça sert la guerre ?

— Fichez-nous la paix !

Il rentra, hors de lui. Son gosse vint dans ses jambes.

— Pépé, dis, pépé, tu t’ feras pas tuer, dis, à la guerre ?

De nouveau, il eut des larmes aux yeux, et, tapant la table :

— J’ veux qu’il soye légitime, na ! J’ veux qu’ ça soye un gosse légitime !

Et il repartit.

Où ? À la mairie, faire quand même publier ses bans. Oui, il avait pris son parti : de sa propre autorité il s’octroyait cinq jours. Et il se fichait de tout ! La prison ? Pouh ! Il repartirait directement voir les Boches.

Rayonnant, il revint dire à Marie et à sa « vieille » :

— C’t arrangé. J’ suis été à la Place… Y avait un général… Il m’a donné deux jours ed pus.

Marie n’en revenait pas.