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GASPARD

Gaspard le regarda sous le nez.

— Tu vas tout d’ même pas comparer. Lui, l’est poli ; il sait tous dire les choses.

— Oui, il vous a flatté en vous demandant un quart.

— Tu crois peut-êt’e que toi, si tu m’avais demandé…

— Je ne dis pas moi…

— Non, pasque les galons, comprends-tu, ça m’impressionne pas.

— Allons, suffit ! dit M. Fosse. Ne m’énervez plus, ou je vous fous dedans !

— Sans blague, tu vas pas maintenant la faire à l’influence…

— Faites votre café !

— Tu parles pas à un gosse…

— Faites votre café !

— J’ suis père de famille, moi ; pis j’écosse quèque chose comme boulot.

— Assez !…

M. Fosse sortit, les yeux fous, en serrant les poings. Gaspard regarda Moreau :

— L’est piqué c’ mec-là ! C’est quand même malheureux d’ partir faire la guerre avec des mecs piqués !

Burette s’étirait :

— As-tu du bon sucre, au moins, pour ton café ? Quelle marque ?