Page:René Benjamin - Gaspard, 1915.djvu/62

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de Parigots. Et on oubliait le poids du sac et les montées.

L’entrain était même revenu à Pinceloup et Clopurte, car on n’avait pas l’air d’attaquer souvent l’ennemi. La campagne était sereine, toute au beau temps qui l’animait. Collines molles et vallonnements larges, dans lesquels le régiment s’enfonçait sans effort, pour regrimper avec un refrain de chanson, que Gaspard, nez en l’air, lançait aux nuages :

Paraît qu’ la cantinière,
A de tous les côtés,
Par devant, par derrière.
Des tas de grains d’ beauté.

Elle en a des pieds jusqu’aux seins ;
On raconte un tas de machins ;
Vous n’y qui qui
Vous n’y com com
Vous n’y comprenez rien.

Tout à coup, — il venait de terminer le couplet — l’air fut ébranlé comme par un coup de gong sourd, lointain et formidable, dont l’écho parut un grondement de la terre. Il n’y eut qu’une voix : « Ah… le canon ! »

Gaspard renifla ; d’un coup de rein il remonta son sac, dont la marmite et la pelle brinquebalèrent, et il fit de sa voix traînante :