Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/128

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eût voulu se retourner comme un gant, n’a jamais cherché en Bruggle qu’une perfection qui serait d’un Pierre réussi. Or les traits communs à Pierre et à Bruggle ne semblent exister que pour mieux accuser tout ce par quoi ils diffèrent l’un de l’autre.

Diane, au contraire, Diane qui n’a jamais été tentée de voir entre elle et Pierre aucune similitude, Diane, non par calcul de coquetterie, mais spontanément est devenue parallèle à celui qu’elle aimait. Ainsi s’est-elle imposée à Pierre au point de ressusciter d’un mauvais crayonnage sur les murs d’une cabine téléphonique. D’une telle apparition se nourrit son remords et des mains tout à l’heure brûlantes se glacent. Le métal devient leur frère. Autour de Diane en couronne s’assemblent les tronçons de tous ceux qu’il a connus. Chaos de la mémoire. Étranger, extérieur ou spectacle, Pierre, qui n’a rien su régler, sent croître sa honte. Il avait froid, mais son cœur qui a voulu se vêtir a mendié auprès des passants et n’a reçu que des loques. Il grelotte sous un bariolage, comme les masques rentrant à l’aube, lorsque la neige commence à tomber, après les bals, sur les chromos. Il a voulu réfléchir, coordonner, mais ses doigts n’ont rien pu saisir et la sagesse n’est point en lui. Le colonel, Madame Dumont-Dufour, Diane, Bruggle et tant d’autres. En eux et non en soi il a cherché les promesses de joie et de tourments. Il est donc