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Chapitre IV

LA NUIT, LE FROID, LA LIBERTÉ, LA MORT.


Très vite le brouillard suffoque Pierre et puis (Bruggle le lui a répété cent fois) il ne sait pas respirer et les éléments eussent-ils été propices à la course à pied, après cent mètres de pas gymnastique, il se serait tout aussi bel et bien arrêté. Tandis qu’il reprend son souffle, il inspecte de tous côtés, comme s’il craignait une poursuite. Il ne voit rien, il ne voit personne. Il se sent seul, il se sent libre et bientôt même rit de ses craintes. Diane. Comment s’acharnerait-elle jusqu’à oser galoper après un jeune homme dans les rues de Paris, à dix heures du soir. Au reste, maintenant, elle doit enfin savoir à quoi s’en tenir.

Parce que dès l’enfance, l’humeur martiale du colonel et le genre belliqueux de Mme Dumont-Dufour ont valu à Pierre de voir autant de luttes dans les commerces d’amour ou d’amitié, maintenant qu’il a réussi à plaquer Diane qu’il avait pourtant appelée à lui, il s’estime vainqueur, et juge parfaits dans leur