Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/176

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de la romance qu’un gigolo parisien, dans un soir toulonnais si doucement louche, avait apprise.

Quand Bruggle a fini, seulement alors il s’aperçoit de la présence de Pierre.

— Tiens Pierre, que signifie.

— Rien.

— Tu veux quelque chose ?

— Non.

— Assieds-toi.

— Non.

— Ne fais pas ton tête. Si tu n’êtes pas content, foutes ton camp. Je suis chez moi, ici. J’ai droit à mon liberté. J’aime qu’on le respecte.

— Tu parles de ta liberté, tu devrais dire ton égoïsme.

— Oh ! assez.

Et Pierre de s’étrangler avec des mots, de se perdre dans ses phrases, et, n’y voyant plus, mordre, battre, injurier, tant et si bien que le joueur d’accordéon prend ses cliques et ses claques.

De ce jour, Pierre eût envoyé au diable tous les petits boxeurs chers à Bruggle, bien que ailleurs il fût plus et mieux estimé pour avoir, par calcul, au reste, tout conscient, de coquetterie, cité l’opinion du poids lourd, son bénévole professeur d’éducation physique : « Ce n’est point parce que tu es ma chanterelle, qu’il faut te croire mal foutu. »