Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/87

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d’une seule larme tout un accord, tandis que, chef de gare du malheur, Mme  Dumont-Dufour répète : « En route pour Ratapoilopolis. »

Ratapoilopolis. La folie ? Encore, toujours ? Allons donc. Il sera fort. Des poings se serrent, des ongles entrent dans les paumes dont la moiteur connaît enfin une certitude et, de la petite douleur dont il est sûr, Pierre va essayer de renaître, se limiter. Déjà il veut aller plus vite que ses pensées, couvrir les chuchotements maudits, presser le pas, hausser le ton, devenir maître de son destin, c’est-à-dire contrôler tout en lui, autour de lui et ne permettre de le surprendre à des rêves, des images, qu’autant qu’il lui plaira.

Qu’autant qu’il lui plaira ? Il avoue donc un goût pour certains cauchemars… Il avoue mais dans un même instant se dit que cette franchise ne peut manquer de l’aider à triompher de soi, que, d’ailleurs, il est loin d’être incapable de logique car la tête est bonne.

Mais une bonne tête n’est pas une tête imperméable. Poreuse à tous les vents, après les tempêtes, elle n’est plus au matin qu’un fruit lourd d’une rosée amère, les rêves.

Les rêves.

Il les connaît tous depuis ceux qui font rire jusqu’à certains qui vous laissent, à l’aube, avec un visage où les larmes ont tracé des routes sans but. Que ses paupières se baissent et, déjà il se rappelle que la nuit