Aller au contenu

Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
le théosophisme

jours avec lui[1] ; ce point n’a d’ailleurs qu’une importance assez secondaire.

C’est donc en 1848 que commença l’extraordinaire vie d’aventures de Mme Blavatsky : en parcourant l’Asie Mineure avec son amie la comtesse Kiseleff, elle rencontra un Copte (d’autres disent un Chaldéen) nommé Paulos Metamon, qui se donnait comme magicien, et qui semble avoir été plus ou moins prestidigitateur[2]. Elle continua son voyage en compagnie de ce personnage, avec qui elle alla en Grèce et en Égypte ; ensuite, ses ressources étant presque épuisées, elle revint en Europe, et on la retrouve à Londres en 1851, donnant des leçons de piano pour vivre. Ses amis ont prétendu qu’elle était allée dans cette ville avec son père pour y faire des études musicales ; cela est manifestement faux, car, à cette époque, elle était brouillée avec toute sa famille, et c’est pourquoi elle n’avait pas osé rentrer en Russie. À Londres, elle fréquenta à la fois les cercles spirites[3] et les milieux révolutionnaires ; elle se lia notamment avec Mazzini et, vers 1856, s’affilia à l’association carbonariste de la « Jeune Europe ».

À la même période se rattache une histoire fantastique dont il est bon de dire quelques mots : une ambassade du Népaul vint à Londres en 1851 suivant les uns, en 1854 suivant les autres ; Mme Blavatsky prétendit plus tard que, parmi les membres de cette ambassade, elle avait reconnu un personnage mystérieux que, depuis son enfance, elle voyait souvent à ses côtés, et qui venait toujours à son aide dans les moments difficiles ; ce protecteur, qui n’était autre

  1. Lettre à Solovioff, février 1886.
  2. Si nous nous en rapportons à certains renseignements qui nous ont été communiqués, mais qu’il ne nous a pas été possible de vérifier directement, ce Metamon serait le père d’un autre personnage qui fut quelque temps à la tête du « cercle extérieur » de la H. B. of L. (société secrète dont nous parlerons plus loin), et qui, depuis lors, a fondé une nouvelle organisation d’un caractère assez différent.
  3. C’est là qu’elle connut Dunglas Home, le médium de Napoléon III, dont il sera question plus loin.