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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/30

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les origines de la société théosophique

Ses fondateurs, débutant avec l’espoir plutôt qu’avec la conviction d’atteindre l’objet de leurs désirs, sont animés seulement de l’intention sincère d’apprendre la vérité, d’où qu’elle puisse venir, et ils estiment qu’aucun obstacle, si sérieux soit-il, aucune peine, si grande soit-elle, ne saurait les excuser d’abandonner leur dessein. » C’est là, assurément, le langage de gens qui cherchent, et non celui de gens qui savent ; comment donc tout cela pourrait-il se concilier avec les prétentions extraordinaires émises ultérieurement par Mme Blavatsky ? On voit de mieux en mieux que l’initiation que celle-ci aurait reçue au Thibet est une pure fable, et que, malgré ce qu’affirme la comtesse Wachtmeister, elle n’avait point étudié en Égypte les mystères du Livre des Morts, dont Felt fut probablement le premier à lui faire connaître l’existence.

Cependant, au bout de peu de temps, un nouveau changement se produisit : Sérapis, qui avait remplacé John King, fut remplacé à son tour par un « Kashmiri brother » ; que s’était-il donc encore passé ? Olcott et Mme Blavatsky avaient conclu, par l’entremise d’un certain Hurrychund Chintamon (à l’égard duquel cette dernière, pour des motifs que nous ignorons, manifestait plus tard une véritable terreur), « une alliance offensive et défensive »[1] avec l’Arya Samâj, association fondée dans l’Inde, en 1870, par le Swâmî Dayânanda Saraswatî, et leur Société Théosophique devait désormais être regardée comme constituant une section de cette association. C’est à ce propos que Mme Blavatsky, déguisant la vérité comme cela lui arrivait si souvent, écrivait au moment de l’apparition de son Isis Dévoilée : « J’ai reçu le grade d’Arch Auditor de la principale Loge maçonnique de l’Inde ; c’est la plus ancienne des Loges maçonniques, et l’on dit qu’elle existait avant Jésus-Christ »[2]. Or l’Arya Samâj était d’origine toute récente et n’avait rien de maçon-

  1. Lettre de Mme Blavatsky à sa sœur, 15 octobre 1877.
  2. Lettre du 2 octobre 1877.