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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/31

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le théosophisme

nique, et d’ailleurs, à vrai dire, il n’y a jamais eu de Maçonnerie dans l’Inde que celle qui y a été introduite par les Anglais. La société dont il s’agit se donnait pour but « de ramener la religion et le culte à la simplicité védique primitive » ; comme plusieurs autres organisations qui se formèrent dans le même pays au cours du xixe siècle, notamment le Brahma Samâj et ses diverses ramifications, et qui toutes échouèrent malgré l’appui que les Anglais leur fournirent en raison de leurs tendances antitraditionnelles, elle procédait d’un esprit « réformateur » tout à fait comparable à celui du Protestantisme dans le monde occidental ; Dayânanda Saraswatî n’a-t-il pas été appelé « le Luther de l’Inde »[1] ? On ne peut, certes, regarder un tel homme comme une autorité en fait de tradition hindoue ; certains ont été jusqu’à dire que « ses pensées philosophiques n’allaient pas même aussi loin que celles d’Herbert Spencer »[2], ce que nous croyons un peu exagéré.

Mais quelles raisons pouvait avoir Dayânanda Saraswatî de s’attacher Mme Blavatsky et sa Société ? Dans la déclaration de principes du 17 novembre 1875, après avoir dit que « le Brahma Samâj a commencé sérieusement le travail colossal de purifier les religions hindoues des écumes que des siècles d’intrigues de prêtres leur ont infusées », on ajoutait ceci : « Les fondateurs, voyant que toute tentative d’acquérir la science désirée est déjouée dans les autres contrées, se tournent vers l’Orient, d’où sont dérivés tous les systèmes de religion et de philosophie. » Si le Brahma Samâj, déjà bien divisé alors, ne répondit pas à ces avances, c’est l’Arya Samâj qui le fit, et ces deux organisations, comme nous venons de le dire, procédaient des mêmes tendances et se proposaient un but à peu près identique. En outre, Mme Blavatsky elle-même a donné une autre raison de cette entente : c’est que « tous les Brahmanes, ortho-

  1. Article de M. Lalchand Gupta dans l’Indian Review, de Madras, 1913.
  2. The Vedic Philosophy, par Har Nârâyana, Introduction, p. xli.