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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/41

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le théosophisme

tères de la philosophie hermétique », et dédié à la duchesse de Pomar. En 1887, le Dr Hartmann fit paraître à Boston, centre de la branche américaine de l’Order of the G. D. in the Outer, une sorte de roman ayant pour titre Une Aventure chez les Rosicruciens, qui contient la description d’un monastère théosophique imaginaire, supposé situé dans les Alpes ; et l’auteur raconte que ce monastère relève de l’Ordre des « Frères de la Croix d’Or et de la Rose-Croix », et que son chef porte le titre d’Imperator. Cela fait penser à l’ancienne « Rose-Croix d’Or » d’Allemagne, fondée en 1714 par le prêtre saxon Samuel Richter, plus connu sous le pseudonyme de Sincerus Renatus, et dont le chef portait en effet, comme plus tard celui de la Golden Dawn, ce titre d’Imperator, hérité des organisations rosicruciennes antérieures, et qui remonterait même jusqu’à l’origine du monde s’il fallait en croire certains récits légendaires, car on trouve dans le Clypeus Veritatis, qui date de 1618, une liste chronologique des Imperatores depuis Adam ! Ces exagérations et ces généalogies fabuleuses sont d’ailleurs communes à la plupart des sociétés secrètes, y compris la Maçonnerie, où nous voyons aussi le Rite de Misraïm faire remonter ses origines jusqu’à Adam. Ce qui est plus digne d’intérêt, c’est qu’un écrivain occultiste, parlant de l’organisation rosicrucienne de 1714, déclare ceci : « Une tradition dit que cet Imperator existe toujours ; son action serait devenue politique »[1] ; s’agit-il encore ici du chef de la Golden Dawn ? En effet, la « Rose-Croix d’Or », à laquelle certains ont cru reconnaître déjà un caractère politique, n’existe plus depuis longtemps ; elle fut remplacée en 1780 par les « Frères Initiés de l’Asie », dont le centre fut établi à Vienne, et dont les supérieurs s’intitulaient, par allusion au début de l’Apocalypse, « Pères et Frères des sept Églises Inconnues de l’Asie »[2] ; on ne peut s’empê-

  1. Histoire des Rose-Croix, par Sédir, p. 103, note.
  2. Signalons à ce propos une singulière méprise de Papus, qui, ayant trouvé