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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/42

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la société théosophique et le rosicrucianisme

cher de se demander si les « sept adeptes » du comte Mac-Gregor n’auraient pas été leurs continuateurs. Quoi qu’il en soit, ce qu’il y a de certain, c’est que bien des associations qui prétendent se rattacher au Rosicrucianisme font encore prêter à leurs adhérents un serment de fidélité à l’Imperator.

Le récit romanesque du Dr Hartmann eut une conséquence qui montra que le but de l’auteur n’avait pas été purement désintéressé : en septembre 1889, une société par actions fut constituée en Suisse, sous le nom de Fraternitas, pour réaliser et exploiter l’établissement théosophico-monastique qu’il avait imaginé. Le Dr Hartmann eut pour associés, dans cette affaire, le Dr R. Thurmann, le Dr A. Pioda et la comtesse Wachtmeister ; cette dernière, dont nous avons eu déjà l’occasion de citer le nom, était une Suédoise, intime amie de Mme Blavatsky. Quant à l’« Ordre de la Rose-Croix Ésotérique », l’autre création du Dr Hartmann, il paraît avoir été en relations suivies avec l’« Ordre Rénové des Illuminati Germaniæ », fondé ou réorganisé par Léopold Engel, de Dresde, et qui a joué un rôle politique extrêmement suspect ; ce dernier Ordre se recommande, comme l’indique son nom, de l’Illuminisme de Weishaupt, auquel ne le rattache cependant aucune filiation directe. Il y eut aussi des rapports certains entre cette « Rose-Croix Ésotérique » et un certain « Ordre des Templiers Orientaux », fondé en 1895 par le Dr Karl Kellner, et propagé surtout, après la mort de celui-ci, survenue en 1905, par Theodor Reuss, un théosophiste que nous retrouverons plus tard ; il semble même que la « Rose-Croix Ésotérique » devint finalement le « cercle intérieur » des « Templiers Orientaux ».

Ces diverses associations ne doivent pas être confondues

    un texte de Wronski où il est fait mention des « Frères Initiés de l’Asie », crut que ce titre désignait une organisation réellement orientale et qu’il s’agissait des « Mahâtmâs », dont il faisait d’ailleurs « un grade supérieur de l’Église Brâhmanique » (Glossaire des principaux termes de la Science Occulte, article Mahâtmâ : Traité méthodique de Science Occulte, p. 1052).