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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/59

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rich, en identifiant au séjour mystérieux de leurs « Maîtres de Sagesse » le lieu, peut-être symbolique, que la religieuse westphalienne décrit sous le nom de « Montagne des Prophètes »[1].

La plupart des « Maîtres », avons-nous dit, sont censés habiter le Thibet : tels sont ceux que nous avons eu l’occasion de mentionner jusqu’ici, et ce sont ces « Maîtres » thibétains qui sont proprement les « Mahâtmâs », bien que ce terme, comme nous l’avons fait remarquer, soit quelque peu tombé en désuétude. Il en est pourtant quelques autres dont la résidence est moins lointaine, au dire des théosophistes, du moins depuis que les « Mahâtmâs » se sont décidément identifiés aux « Adeptes » au sens rosicrucien du mot ; l’un d’eux, notamment, séjournerait habituellement dans les Balkans ; il est vrai que le rôle qui est attribué à celui-là concerne plutôt le Rosicrucianisme, précisément, que le théosophisme ordinaire. À ce « Maître », qui paraît bien être un des « sept adeptes » dont parlait le comte MacGregor, se rattache pour nous un souvenir personnel : il y a quelques années, en 1913 si nous ne nous trompons, on nous proposa de nous mettre en rapport avec lui (il s’agissait d’ailleurs d’une affaire avec laquelle, en principe, le théosophisme n’avait rien à voir) ; comme cela ne nous engageait à rien, nous acceptàmes volontiers, sans pourtant nous faire beaucoup d’illusions sur ce qui en résulterait. Au jour qui avait été fixé pour la rencontre (laquelle ne devait point avoir lieu « en astral »), il vint seulement un membre influent de la Société Théosophique, qui, arrivant de Londres où devait alors se trouver le « Maître », prétendit que celui-ci n’avait pu l’accompagner dans son voyage, et trouva un prétexte quelconque pour l’en excuser. Depuis lors, il ne fut plus jamais question de rien, et nous apprîmes seulement que la correspondance adressée au « Maître » était interceptée par Mme Besant. Sans doute, cela ne prouve pas l’inexistence du « Maître » dont il s’agit ; aussi nous gar-

  1. Voir notamment Le Théosophe, 16 février et 1er mars 1912, 16 août 1913.