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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/69

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de la Société qu’elle avait fondée et dont les membres n’avaient cessé de lui demander des merveilles : « C’est le « karma » de la Société Théosophique, disait-elle à la comtesse Wachtmeister, et il tombe sur moi. Je suis le bouc émissaire ; je suis destinée à supporter tous les péchés de la Société… Ô phénomènes maudits, que j’ai seulement produits pour plaire à des amis particuliers et pour instruire ceux qui m’entouraient ![1]… Les gens me tourmentaient continuellement. C’était toujours : « Oh ! matérialisez ceci » , ou : « Faites-moi entendre la clochette astrale », et ainsi de suite. Alors, comme je n’aimais pas les désappointer, j’accédais à leurs demandes ; à présent. je dois en souffrir »[2]. « Ces phénomènes maudits, lui écrivait-elle encore un peu plus tard, ont perdu ma réputation, ce qui est une petite affaire et ce que j’accepte allègrement, mais ils ont perdu aussi la Théosophie en Europe… Les phénomènes sont la malédiction et la ruine de la Société »[3]. Quoi qu’il en soit, et si malheureuse que Mme Blavatsky ait été réellement alors, il est à supposer que, si ses « phénomènes » avaient été de bon aloi, elle n’aurait pas manqué, dès son retour en Europe, de demander à les reproduire devant la Société des recherches psychiques, dont le jugement définitif n’était pas encore rendu à cette époque, et dont plusieurs membres, d’ailleurs, appartenaient en même temps à la branche théosophique de Londres[4] ; mais elle se garda bien de recourir à cette expérience, qui aurait cependant constitué la seule réponse valable qu’elle pût faire à ses accusateurs. Au lieu de cela, elle se borna à dire que, « si on ne la retenait pas », et « s’il n’était des questions auxquelles elle avait solennellement juré de ne jamais répondre », elle poursuivrait ceux-ci

  1. Reminiscences of H. P. Blavatsky, par la comtesse Constance Wachtmeister, ch. iv.
  2. Ibid., ch. viii.
  3. Ibid., ch. ix.
  4. Myers lui-même, son président-fondateur, avait appartenu pendant trois ans à la Société Théosophique.