Aller au contenu

Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riques et se basent sur l’unité de la Vie et de la Vérité sous toutes les divergences de forme et d’époque. Le troisième est ésotérique et s’appuie sur la possibilité de réaliser cette unité et de comprendre cette vérité. » Du reste, pour se convaincre qu’il en est toujours ainsi, il n’y a qu’à parcourir les ouvrages de M. Leadbeater, où il n’est question que de « clairvoyance », de manifestations d’ « Adeptes » , d’ « élémentals » et autres entités du « monde astral », et cela même dans les plus récents. Assurément, ces choses n’ont, en elles-mêmes, qu’un intérêt fort limité, mais les théosophistes ne les jugent pas de cette façon, elles ont le plus vif attrait pour la plupart d’entre eux, et il en est même qui ne s’intéressent à rien d’autre ; en tout cas, elles ont sur les théories, même d’un ordre peu élevé, le grand avantage d’être à la portée de toutes les intelligences et de pouvoir donner quelque apparence de satisfaction aux esprits les plus grossiers et les plus bornés[1].

Il y a des personnes qui pensent que la « section ésotérique » n’existe plus dans la Société Théosophique, mais il n’en est rien ; la vérité est que, pour donner le change, on en a fait une organisation nominalement séparée de la Société, mais néanmoins toujours soumise à la même direction. D’autre part, on a jugé bon de supprimer les signes de reconnaissance qui étaient autrefois en usage parmi les membres de la Société Théosophique, à l’imitation de la Maçonnerie et de bien d’autres sociétés secrètes, et qu’on regarde communément, mais à tort, comme constituant un des traits caractéristiques essentiels de toute société secrète. Nous disons à tort, car nous savons qu’il y a, surtout en Orient, certaines organisations qui sont précisément parmi les plus fermées de toutes, et qui ne font usage d’aucun moyen extérieur de reconnaissance ; cela, les théosophistes l’ignorent peut-être, et leur organisation ne peut à aucun égard

  1. Un Hindou nous disait un jour, en parlant de M. Leadbeater : « He is one of the most coarse-minded men I ever knew. »