Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/106

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vers elle, l’attira fiévreusement à lui et, la serrant dans ses bras, lui dit avec tendresse :

— Véra, reprenez votre calme et ne songez pas à sortir d’ici. Bientôt je vous dirai tout ; mais me pardonnerez-vous jamais !

La fille de Soublaïeff laissa tomber sa tête sur l’épaule de Pierre, en murmurant :

— N’es-tu pas le maître ; ne suis-je pas la servante !


X

L’ENQUÊTE


Tout en suivant avec une soumission absolue les instructions de son mari, la princesse Olsdorf s’était sentie si profondément humiliée de la bassesse du rôle qu’il lui fallait jouer, qu’elle avait songé parfois à la révolte. Mais elle connaissait le caractère du prince, elle savait que rien ne le ferait revenir sur sa décision, et elle se rappelait surtout le calme terrible avec lequel il lui avait dit : Si, pour quelque cause que ce soit, M. Paul Meyrin ne devient pas votre mari, je le tuerai.

Comprenant qu’elle devait aller jusqu’au dénouement qui lui était imposée, elle avait alors courbé la tête et cherché l’oubli dans les bras de son amant, que les plus simples convenances lui commandaient de ne voir qu’en secret. Ses amours avaient gagné à ce mystère inaccoutumé une sorte d’acuité, qui lui donnait une énergie factice sous laquelle se dissimulaient ses inquiétudes. Tout à la fois Lise Olsdorf avait hâte d’en finir et craignait les événements, car il lui paraissait impossible que tout marchât jusqu’au bout dans nouvelles secousses.