Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/118

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il y a quelque chose là-dessous. Tu dois être mieux informé que tu ne veux le paraître.

— En tous cas, ce que je sais, je ne puis le dire.

— Mais, enfin, pourquoi divorce-t-elle ? Quels motifs a-t-elle donnés ? N’est-elle pas aussi libre qu’elle peut le désirer ?  Le sera-t-elle davantage lorsqu’elle n’aura plus de mari ? Frantz, ton frère, a dû te parler de tout cela ?

— Pas le moins du monde, répondit le brave homme. Il y a cinq minutes, je n’e savais pas plus que toi-même. Dame ! la princesse divorce sans doute tout bonnement parce qu’elle est de plus en plus folle de ce beau garçon-là.

— Mon ami ! fit Mme  Meyrin avec pudeur.

— Ah ! quoi ! nous n’allons pas nous gêner entre nous. Je suppose qu’à cet égard-là, tu es bien fixée ! Elle veut peut-être épouser mon frère !

— Épouser Paul ! s’écria la femme du musicien, furieuse que son mari prît la chose en riant.

Le peintre, que toute cette discussion gênait fort, s’était levé de table et ne songeait qu’à s’esquiver.

Mais on n’échappait pas ainsi à Mme  Meyrin.

— Voyons, dit-elle à son beau-frère, en l’arrêtant par le bras, ne te sauve pas ainsi. Tu comprends que tout cela nous intéresse. Si la princesse divorce pour se marier avec toi, c’est que vous êtes d’accord.

— Inutile de m’interroger, fit le jeune homme, en se dégageant.

— Alors tu épouserais ta maîtresse ?

La femme de Frantz était à ce point vexée de n’avoir pas été consultée qu’elle oubliait sa réserve accoutumée.

— Ma maîtresse, ma maîtresse ! répéta l’artiste. Diable ! vous ne mâchez pas vos expressions. Eh bien ! quand j’épouserais la princesse Lise, quel mal y verriez-vous ?

— Quel mal ! L’entends-tu, Frantz ? Quel mal ! Si tu t’imagines que ta mère et ton frère te laisseront jamais faire un semblable mariage ! Une femme divorcée !