Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/120

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charge. Je lui ai entendu dire qu’elle a une fortune personnelle assez importante. De plus, sa mère, qui vit encore, est riche elle-même.

Le brave violoniste appuyait avec intention sur ces détails, car il comprenait que ce qui froissait plus directement sa femme que le mariage de son beau-frère, c’étaient les changements que ce mariage apporterait dans sa maison.

Avec Paul disparaîtrait une partie fort intéressante des revenus du ménage. En devenant mari, père de famille, le peintre cesserait forcément d’être, pour sa nièce Nadèje, l’oncle à héritage qu’on avait espéré conserver. Enfin la princesse elle-même, une fois la femme de Paul, ne serait plus probablement aussi généreuse que par le passé pour tout le monde.

Comme, sans qu’elle osât l’avouer, c’était bien là ce que pensait Mme Meyrin, elle rougit en se voyant aussi bien devinée.

Elle n’insista donc pas d’avantage, mais aussitôt que sa belle-mère fut rentrée à la maison, elle la mit au courant de ce qui se passait, et la mère de Frantz, qui adorait son plus jeune fils, un peu en égoïste, pour elle-même, fut immédiatement d’accord avec sa belle-fille. Il ne fallait pas que Paul se mariât.

Pendant ce temps-là, l’enquête du Saint-Synode suivant son cours, le prince vivait toujours à Paris auprès de Véra qu’il aimait profondément sans le lui dire encore, et Lise Olsdorf, plus éprise que jamais, accaparait son amant, qui n’avait pu lui dissimuler l’hostilité que son mariage rencontrerait dans sa famille.