Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/133

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Vous savez que le prince lui a enlevé sa fille, mon enfant à moi !

— C’est Dieu qui vous punit tous deux !

Comprenant bien que son fils n’était plus à elle, Mme Meyrin fondit en larmes.

Paul, alors, ne pouvant résister à ses pleurs, se releva vivement et, après l’avoir fixée pendant quelques secondes, il reprit avec un calme et une fermeté dont on n’aurait pu le croire capable ;

— Eh bien ! soit, ma mère, ne parlons plus de ce mariage. Je ne vous adresserai pas de sommations ; j’attendrai, pour épouser Lise, que vous y consentiez ; seulement, je partirai demain pour Saint-Pétersbourg.

— Pour Saint-Pétersbourg ! Dans quel but ?

— J’irai me mettre à la disposition du prince Olsdorf.

— À la disposition du prince Olsdorf ?

— Les derniers mots du prince à sa femme ont été ceux-ci : Si M. Paul Meyrin ne devient pas votre mari, je le tuerai. Or je ne veux pas qu’un Russe puisse dire qu’un Roumain est un lâche.

— Mon fils ! mon fils ! s’écria Mme Meyrin en s’élançant vers le peintre qu’elle saisit entre ses bras. Te battre, toi ! Et c’est mon refus qui te pousserait en face de cet homme ! De l’encre, une plume ! Ce consentement, je te le donne. Dicte, dicte bien vite ! Te battre, toi ! Et c’est moi, ta mère…

La brave créature, entremêlant ses paroles de baisers, entraînait son fils vers une table placée dans un des angles de l’atelier. C’est immédiatement qu’elle voulait rédiger son autorisation.

L’artiste se conforma à ses désirs et lui dicta les quelques lignes nécessaires.

— Là ! es-tu satisfait, méchant enfant ! dit Mme Meyrin, après avoir écrit et signé d’une main fiévreuse. Tu ne parleras plus de ce départ, au moins ? Il allait se battre !

— Chère mère ! lui répondit Paul, les yeux remplis de larmes de reconnaissance et en l’embrassant, je resterai à Paris pour continuer à vous aimer, plus encore que jadis !