Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/187

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longue. Mme Daubrel qui, ne sachant rien, la croyait souffrante, était auprès d’elle et venait de lui raconter, avec des larmes de joie dans la voix, que son mari, touché de son repentir, pensait à lui pardonner ; que par chaque courrier, pour ainsi dire, il envoyait de New-York à Mme Percier, sa mère, des nouvelles de son fils, et que bientôt peut-être elle pourrait aller le rejoindre.

Mme Meyrin, dont le cœur était si cruellement broyé, félicitait Marthe, heureuse qu’elle était de ses espérances, et elle songeait avec douleur qu’il ne lui serait jamais permis, à elle, d’embrasser ses enfants ; mais lorsqu’elle vit entrer Dumesnil avec la physionomie bouleversée, elle chassa ces tristes pensées et, pour le rassurer, lui dit en souriant :

— Oh ! mon cher ami, ce n’est pas grave ; dans quarante-huit heures, je serai tout à fait remise.

— Vous êtes la plus courageuse des femmes, répondit le comédien ; en prenant place sur le siège que sa fille lui offrait du geste ; ceux qui vous font du mal sont de bien grands misérables.

— Comment ! du mal ?

Mme Daubrel, elle non plus, ne saisissait pas.

Dumesnil comprit à l’étonnement de celle-ci qu’elle ignorait tout, et comme il en conclut que Mme Meyrin désirait ne rien faire savoir de ses peines, il reprit aussitôt, sans trop choisir ses paroles :

— Je ne m’explique pas bien. Je voulais dire que, seuls, de grands misérables pourraient ne pas vous souhaiter tout le bonheur que vous méritez.

Lise était trop intelligente pour ne pas deviner, à l’embarras du vieillard, qu’il savait ce qui s’était passé entre elle et son mari. D’un coup d’œil, elle le remercia de sa discrétion, et, quelques minutes plus tard, lorsqu’ils furent seuls, elle s’empressa de lui dire :

— J’ignore ce que vous avez appris, mais tout ce qu’on a pu vous raconter est encore en deçà de la vérité. M. Meyrin m’a trompée si lâchement que je ne lui pardonnerai pas. Mon affection pour lui est morte tout entière. Aussi longtemps qu’il le voudra, nous habiterons