Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mon fils ! murmura-t-elle, en tombant à genoux auprès du lit, mon fils !

Le médecin lui fit signe de ne pas le troubler et de demeurer calme. La crise était grave ; il était indispensable qu’il en étudiât les moindres phases.

Le petit martyr, les membres convulsés, les paupières cyanosées, presque noires, tentait de porter les mains à sa tête, siège d’intolérables douleurs, et il poussait de sourds gémissements, mêlés de mots sans suite.

Véra, que Mme Meyrin n’avait pas vue, se tenait derrière le praticien. Sur les traits fatigués de la fille de Soublaïeff, on lisait toutes les veilles et tout son chagrin. Depuis trois jours, elle n’avait pas pris une heure de repos, car l’arrivée du docteur Psaroff avait encore augmenté ses inquiétudes. Celui que Pierre lui avait confié était atteint d’une méningite qui pouvait devenir tuberculeuse, c’est-à-dire contagieuse et mortelle.

C’est alors qu’elle avait télégraphié à son père à Singapour, où elle pensait qu’il devait être ; puis, comme il était impossible que le prince Olsdorf arrivât à temps pour embrasser son fils, s’il devait succomber, elle n’avait pas hésité à envoyer à Mme Meyrin le télégramme qui l’avait fait accourir. Elle ne se croyait pas le droit de priver un enfant des dernières caresses de sa mère.

Cependant, depuis vingt-quatre heures, le savant médecin désespérait moins ; les saignées abondantes qu’il avait pratiquées, malgré le jeune âge du patient, semblaient l’avoir un peu soulagé. Toutefois il refusait de ses prononcer nettement. Tout danger de complications nouvelles n’était pas conjuré.

Quand, la crise passée, Psaroff releva la tête, le malade était calme, ses yeux étaient clos, son visage amaigri n’exprimait plus la souffrance, mais un abattement profond. Lise approcha ses lèvres tremblantes de ses paupières bleuâtres, et tendit les mains au docteur qui, l’attirant un peu à l’écart, lui dit :

— Vous avez bien fait de venir, madame ; depuis son premier jour de souffrance, votre fils est soigné par un ange de bonté que la crainte de la contagion n’a pas