Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/200

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une grâce divine, faite d’amour et de pardon, ses regards se fixèrent sur sa mère et devinrent étonnés. Puis il referma lentement ses paupières, comme pour se replonger dans un doux rêve. Quelques secondes après, quand il les releva de nouveau, il hésita un instant, ainsi que l’enfant qui bégaye encore, et dans une tentative de sourire de ses lèvres bronzées par le mal, il murmura : maman !

Lise étouffa un cri de bonheur et tomba à genoux.

— Soyez calme, madame, supplia le docteur qui assistait, ainsi que Véra, à cette résurrection.

Mais elle n’entendait rien que toujours ce mot : maman, qui lui disait que son fils la reconnaissait et lui était rendu. Quels rayons de soleil pour les mères que ces regards d’enfant ! Comme ils réchauffent leurs cœurs glacés par l’épouvante ! Quelle chaîne de fer que ces petits bras si faibles lorsqu’ils s’enroulent autour de leur cou. Quels gazouillements que leurs rires !

Penchée sur le lit, Lise, tout à la fois, priait et souriait. Le médecin n’avait pas le courage de l’éloigner, mais quand, après quelques instants d’examen, il affirma que le malade était sauvé, elle devint d’une pâleur mortelle et porta la main à sa poitrine. Elle suffoquait ! Heureusement que, presque immédiatement, elle éclata en sanglots.

— Laissez-la pleurer, recommanda Psaroff ; les larmes sont les meilleurs des calmants.

Mme Meyrin en effet redevint bientôt plus forte, et ce fut en pressant les mains de la fille de Soublaïeff, qui lui donnait d’affectueux soins, qu’elle se rapprocha du lit d’Alexandre.

Le docteur ne s’était pas trompé ; quelques jours plus tard, le jeune prince entrait en convalescence, convalescence qui devait être rapide, on était alors au commencement de l’été ; mais on eût dit que c’était de la vie même de sa mère que l’enfant renaissait, car chaque matin, Lise paraissait plus pâle et plus faible. Lorsque, son fils et sa fille à ses côtés, elle descendait dans le parc, elle semblait une malade dont deux anges gardiens soutenaient les pas chancelants. Quand ils lui disaient naïvement :