Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/202

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conjugal, elle était effrayée de ce rappel si pressant. Elle avait le pressentiment d’une nouvelle infortune.

Le soir même, Mme  Meyrin fit part à sa mère de sa résolution de quitter Pampeln le lendemain, et la générale, dont le cœur n’avait pu rester insensible à sa conduite, trouva pour elle quelques bonnes paroles.

Lise s’était bien gardée de lui dire où elle en était avec son mari. S’armant d’un courage héroïque, elle avait affecté d’être entièrement rassurée pour l’avenir. Paul, il est vrai, avait commis une faute, comme tant d’autres en commettent, mais il était revenu à elle, tout était oublié. Mme  Podoï crut à cet orgueilleux mensonge de sa fille et lui promit d’entretenir avec elle une affectueuse et fréquente correspondance.

Après cet entretien avec sa mère, la femme du peintre fut trouver la fille de Soublaïeff dans son appartement.

Elle y était seule.

— Ma chère Véra, lui dit-elle, je quitterai Pampeln demain matin, au point du jour, avant le réveil de mon fils et de ma fille. Si j’entendais leurs voix, si leurs yeux se fixaient de nouveau sur moi, je n’aurais pas la force de m’éloigner. Vous me comprenez, n’est-ce pas ?

La jeune fille ne répondit que par un mouvement de tête ; elle redoutait cette dernière entrevue inévitable et n’osait parler.

Lise poursuivit :

— Mais je ne saurais partir sans vous exprimer ma reconnaissance, non pas seulement pour les soins dévoués que vous donnez à mes enfants, mais encore pour l’accueil que vous m’avez fait. La loi ne me permettait pas de franchir le seuil de Pampeln, et vous m’en avez ouvert les portes. Soyez bénie ! Quand Alexandre et Tekla vous demanderont ce que je suis devenue, inventez quelque pieuse fable pour leur expliquer mon absence et l’excuser. Dites-leur que je les aime de toute mon âme, que je reviendrai bientôt ; faites qu’ils m’aiment et me respectent toujours.

Véra dit un geste énergique d’affirmation.

— Oh ! je sais qu’il en a toujours été ainsi, continua