Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/225

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prendre, mais nous ne le ferons que si vous nous promettez d’être calme.

— Une heureuse nouvelle ! fit Mme  Meyrin, avec le navrant sourire qui se stéréotypait sur ses lèvres décolorées dès qu’on cherchait à la consoler. Est-ce qu’il peut y en avoir pour moi ! Seuls, les baisers de mes enfants pourraient soulager mes souffrances, et je ne les verrai jamais.

Le nom de son mari ne lui venait pas même à l’esprit.

— Peut-être ! dit Marthe, de sa plus douce voix.

— Peut-être ! répéta Lise, en se soulevant brusquement, les yeux démesurément ouverts. Peut-être ! dites-vous. Ah ! ne me trompez pas ; j’en mourrais !

De ses mains amaigries, elle avait attiré à elle Mme  Daubrel avec une étrange énergie, ne la suppliant pas moins du regard que de la voix.

Épouvantée de cette exaltation, la jeune femme n’osait ajouter un mot.

Dumesnil comprit qu’il fallait faire cesser ces angoisses même au prix d’une crise dangereuse.

— Eh bien ! oui, dit-il à son tour ; oui, bientôt vos enfants seront près de vous. Le prince a télégraphié qu’il serait à Paris avant un mois, avec Alexandre et Tekla. S’il les fait conduire en France, ce n’est pas pour vous priver plus longtemps de leurs caresses.

Toute la physionomie de la pauvre mère disait qu’elle n’osait ajouter foi à ce qu’elle entendait.

— Le prince, balbutiait-elle, le prince ! Il me les rendrait ! Je reverrais mon fils, ma fille ! Non, non, c’est impossible !

— Lisez, fit Marthe, en lui donnant la dépêche de Pierre Olsdorf.

Mme  Meyrin s’en saisit, et lorsqu’elle eut épelé à voix basse, plusieurs fois, comme pour mieux la comprendre, ces bienheureuses lignes qui venaient de traverser l’espace pour lui apporter une suprême consolation, elle devint d’une horrible pâleur, croisa les mains, et, dans