Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/226

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un sanglot, murmura, en levant au ciel ses yeux brillants de fièvre :

— Oh ! mon Dieu, je vous en prie, mon Dieu, laissez-moi vivre un mois encore !

Au même instant à peu près, à plus de cinq cents lieues de distance, à Pampeln, il se passait une scène plus intime, d’une autre nature, mais non moins touchante.

Véra Soublaïeff était sans lettres du prince Olsdorf depuis plus de deux mois et son inquiétude était extrême, lorsqu’elle reçut sa dépêche de Bombay, la priant de se préparer à partir pour Paris.

D’abord elle pensa qu’elle avait mal lu et rêvait ; mais bientôt elle se calma, comprit, et son cœur se gonfla d’une joie immense. Elle allait donc revoir celui qu’elle aimait, celui qu’elle attendait depuis trois ans, celui dont la longue absence lui avait causé de si cruelles angoisses.

Puis, tout à coup, elle se dit que si le prince la chargeait de conduire ses enfants en France, c’est qu’il s’y était produit quelque douloureux événement, c’est que celle qui avait été la princesse Olsdorf était morte sans doute, et elle eut honte de n’avoir songé qu’à son propre bonheur. Cependant elle réfléchit que si Mme  Meyrin avait succombé, elle en aurait été informée par Mme  Daubrel, et sans chercher alors à approfondir le mystère de ce qui se passait, elle s’élança vers Alexandre et Tekla, qui jouaient à quelques pas de là, devant le perron du château, et les couvrit de baisers en leur annonçant que bientôt ils reverraient leur père. Elle n’osa toutefois, malgré leurs regards tendrement interrogateurs, prononcer le nom de leur mère, mais elle se disposa à suivre les instructions qu’elle venait de recevoir.