— Tout à vos ordres, mon prince, répondit le secrétaire d’ambassade.
— Je vous prie de me servir de témoin dans une affaire grave, des plus graves. Si vous l’exigez, je vous donnerai toutes les explications que vous êtes en droit de me demander ; cependant je préfèrerais me taire.
— D’un homme tel que vous, on n’exige aucune confidence, parce qu’on sait qu’il ne peut rien vouloir contre la plus stricte délicatesse. Gardez votre secret et disposez de moi.
— Merci ! Celui avec qui l’honneur m’ordonne de me battre sans merci, jusqu’à ce que l’un de nous reste sur le terrain, est M. Meyrin, un peintre qui habite Rome en ce moment.
— Paul Meyrin, le mari…
Le comte Panen allait s’écrier : le mari de l’ex-princesse Olsdorf, car, ainsi que toute la noblesse russe, il n’ignorait rien du divorce prononcé quelques années auparavant.
— Oui, celui-là même, fit Pierre avec amertume, celui-là même !
— Pardonnez-moi !
— C’est à moi seul de m’excuser ! Plus tard, vous en saurez davantage. En attendant, il faut que je tue M. Paul Meyrin. J’ignore où il habite, mais vous aurez facilement son adresse à l’École française, à la Villa Médicis. Soyez assez bon pour vous faire accompagner par un de vos amis, auprès duquel vous voudrez bien répondre de moi, si je suis un inconnu pour lui ; et quelques conditions que vous impose M. Meyrin, acceptez-les, pourvu qu’elles soient de nature à donner à notre rencontre une issue fatale. Je ne désire qu’une chose, c’est que cette affaire se termine sans retard, demain matin, si c’est possible. Mon intention est de partir aussitôt après pour Paris, si je ne succombe pas.
— Dans deux heures, à moins d’un refus de la part de M. Meyrin, tout sera réglé. Le baron Zamoïeff, notre second secrétaire et l’un de mes bons amis, se fera un