Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/230

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prenait pas ; cependant, après quelques secondes de réflexion, il s’est remis et nous a répondu : « Fort bien, messieurs ; je ne vous demande aucune explication, si bizarre que soit cette provocation de la part d’un homme que je n’ai pas vu depuis quatre ans et qui, pendant ce long temps, a gardé le silence. Deux de mes amis auront l’honneur de se présenter au palais Feoli dans une heure. » Nous allons retourner à l’ambassade pour les y attendre et, dès que nous aurons tout réglé, nous reviendrons vous mettre au courant.

— Merci, messieurs, dit Pierre Olsdorf ; je craignais que M. Meyrin ne m’échappât. Permettez-moi de vous le rappeler : j’accepte d’avance, ses conditions, pourvu qu’elles soient dans le sens que je vous ai indiqué ; sinon, imposez les vôtres : quatre balles échangées à vingt pas, avec faculté pour chacun de nous d’avancer de cinq pas ; et, à défaut de résultat, l’épée de combat, jusqu’à l’impossibilité absolue pour l’un des adversaires de tenir son arme.

— Comptez sur nous, prince, tout sera arrêté selon votre désir, termina le comte Panen. À ce soir.

— À ce soir, comte ; à ce soir, mon cher cousin, car nous sommes un peu parents, mon cher baron.

— J’ai cet honneur, répondit Zamoïeff, et je vous remercie de celui que vous me faites en m’acceptant pour témoin. À ce soir !

Quelques instants après, le châtelain de Pampeln était seul de nouveau et mettait ordre à ses affaires en écrivant à Mme Daubrel, à Véra et à son fils Alexandre des lettres qui devaient leur être envoyée s’il trouvait la mort dans sa rencontre avec Paul Meyrin.

Il avait écrit ces lettre d’une main ferme, avec tout le calme et le courage d’un soldat qui, par avance, a fait au devoir le sacrifice de sa vie.

À Mme Daubrel, il recommandait la malheureuse Lise Barineff ; à son fils, il disait, dans des termes simples et touchants, qu’il aurait à ne jamais oublier qu’il était l’héritier d’un nom sans tache et que l’honneur est le premier des biens ; à Véra, il avouait de nouveau son amour,