Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/36

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bêtes lui en ayant amené une, d’un bond, sans s’aider des étriers, il se mit en selle.

— Bravo ! s’écria Pierre, qui s’était approché de sa femme pour lui demander s’il pouvait donner l’ordre du départ ; vous venez avec nous ?

— Seulement comme compagnon de route, mon prince, répondit Paul en prenant la cravache, la najayka, que l’un les valets de pied lui présentait.

La princesse ayant répondu à son mari qu’elle était prête, le châtelain de Pampeln fit un geste, les cors sonnèrent, les chiens redoublèrent leurs abois, les cavaliers rendirent la main à leurs montures et l’on se mit en route.

Cinq minutes plus tard, toute la troupe galopait sur la route d’Elva.

On était parti depuis vingt minutes à peu près quand, profitant de ce que Pierre Olsdorf était en grande conférence avec son stremenoy, ainsi qu’on nomme en Russie le chef des piqueurs, Paul Meyrin se rapprocha de la princesse. Comme toujours, elle était entourée d’un groupe d’adorateurs, parmi lesquels se trouvait naturellement le brave Podoï, qui, malgré son âge, était encore un chasseur intrépide.

C’était à croire que le vieux soldat avait pronostiqué juste en affirmant à la comtesse Barineff, pour la décider à accepter son nom, qu’elle lui rendrait sa jeunesse en devenant sa femme. Jamais il n’avait été plus alerte.

— Mes compliments, monsieur, dit Lise Olsdorf à l’artiste, lorsqu’elle le vit prendre place à quelques pas d’elle, après avoir fait exécuter à son klepper une volte aussi savante que hardie.

Le fait est que Paul Meyrin, sans appartenir à une grande école d’équitation, montait à cheval comme pas un. Sa bête, pleine de feu, avait tente tout d’abord des bonds désordonnés, mais elle s’était bientôt aperçue qu’elle avait affaire à un maître et, la bouche pleine d’écume, les flancs frémissants, elle s’était soumise.

Sans répondre autrement que par un salut au compli-