Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/37

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ment de la jeune femme, Paul se joignit à ceux qui trottaient à ses côtés.

Quarante minutes plus tard, on arrivait dans la cour d’Elva, où devaient se reposer quelques instants, avant de retourner à Pampeln, ceux qui n’accompagnaient pas le prince plus loin.

Prévenu par un piqueur, le fermier Soublaïeff était là avec ses gens, mais avant que personne se fût approché de la princesse, le peintre était déjà près d’elle et lui offrait la main.

Un peu surprise de cette apparition subite, Lise Olsdorf hésita un instant ; mais comprenant que refuser l’aide du jeune étranger serait implicitement avouer qu’elle le croyait dangereux, elle se laissa aller vers lui, et il l’enleva si légèrement, si discrètement, avec une telle vigueur pour la déposer à terre, qu’elle en éprouva comme une sensation de plaisir.

— Merci, monsieur, lui dit-elle, en relevant la jupe de son amazone. Alors vous restez avec nos amis ?

— Je ne suis pas chasseur, madame, répondit-il ; je vous demande donc la permission de retourner avec vous à Pampeln.

— Vous savez bien que tous nos hôtes sont absolument libres de leurs faits et gestes.

Et la princesse, qui n’avait pas voulu approuver sous une autre forme les intentions de Paul, le quitta pour répondre affectueusement au salut respectueux d’une jeune fille de seize ans à peine qui s’était avancée à sa rencontre.

C’était Véra, la fille de Soublaïeff.

Ainsi que la plupart des femmes de la Russie méridionale, Véra était très brune. On eût dit à la correction de ses traits, à l’ovale parfait de son visage, à la petitesse de sa tête, qu’elle était d’origine grecque. Ses grands yeux frangés de longs cils recourbés étaient d’une inexprimable douceur ; un sourire virginal semblait stéréotypé sur ses lèvres carminées entrouvertes, véritable écrin de perles. De sa coiffure nationale, brodée de soie, s’échappaient deux longues nattes descendant au-dessous de sa