Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On m’y connaît déjà de nom ; rien n’est donc plus simple.

— Certainement, répondit le peintre qui, lui aussi, trouvait tout naturel ce désir de sa maîtresse.

— Oh ! mesdames Meyrin ne doivent pas savoir ce que je suis pour toi.

— Mon frère s’en doute bien quelque peu.

— Ton frère, qu’importe ! Voyons, à quand cette présentation ?

— Je pense que le mieux serait que je t’amenasse Frantz.

— Oui. Eh bien ! quel jour ? Ah ! nous avons une excellente occasion de faire connaissance. La comtesse Waranzoff doit donner bientôt une matinée musicale au bénéfice des blessés de la dernière campagne du Caucase. Je la verrai ce soir et la prierai de demander à ton frère son concours.

— Parfait ! Cela te mettra tout de suite au mieux avec ma belle-sœur.

Le surlendemain, en effet, après avoir reçu et accepté la proposition de la comtesse Waranzoff, Frantz vint avec sa femme remercier Lise Olsdorf, dont l’accueil fut si gracieux qu’ils rentrèrent chez eux enchantés de la grande dame russe.

Quarante-huit heures plus tard, l’adroite princesse s’empressa de rendre leur visite aux Meyrin, et, comme elle l’avait promis à Paul, elle séduisit tout à fait sa belle-sœur en lui faisant mille compliments sur sa fille Nadèje. Peu de jours après, elle emmena la fillette au Bois, dans sa voiture, et ne la ramena rue de Douai que chargée de jouets et un joli collier d’or au cou. Puis elle invita les Meyrin à dîner, les conduisit dans sa loge à l’Opéra, et moins d’une semaine s’était écoulé que la conquête de toute la famille était faite.

Excellente pianiste, Lise Olsdorf avait prié Frantz de faire de la musique avec elle deux fois par semaine, et elle l’avait présenté dans la colonie russe, où se donnaient souvent des concerts dont on payait princièrement les cachets des exécutants.