Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/78

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geoise, ne portât un toast au prince Olsdorf. Son mari, honteux de cette comédie, n’eut que le temps de l’arrêter.

Tous ces convives n’auraient été ni aussi joyeux, ni aussi calmes, s’ils avaient prévu ce qui devait se passer au château de Pampeln quelques jours plus tard.

Bien qu’il eût compté sur le retour de sa femme pour la fin du mois d’avril, Pierre ne s’étonna pas trop lorsqu’elle lui écrivit que la santé de son enfant la forçait à retarder son voyage d’une quinzaine de jours au moins ; et après lui avoir répondu qu’elle avait raison d’être prudente, qu’elle devait, avant tout, songer à leur fille, il avait ajouté qu’il l’attendrait en Courlande, ce qui abrégerait sa route de près de moitié. Il lui recommanda ensuite de le prévenir par dépêche de son départ de Paris, afin qu’il pût se rendre avec ses équipages au devant d’elle à Mittau.

Toutes ces lettres étaient d’un ton si inaccoutumé de la part de son mari, c’est-à-dire si pleines de tendresse, que la princesse en fut pour ainsi dire effrayée et qu’elle se garda de les faire lire à Paul Meyrin, dont la jalousie n’aurait pas manqué de prendre l’éveil. Elle répondit au prince qu’elle partirait bientôt, mais en se promettant de retarder son voyage le plus possible, sous n’importe quel prétexte.

Pendant ce temps-là, Pierre Olsdorf était retourné à Pampeln et il en surveillait les emménagements pour la belle saison, lorsqu’il reçut de Saint-Pétersbourg, en même temps que ses lettres, un grand pli qui lui avait été adressé à l’hôtel de la Moïka.

Après avoir ouvert cette lettre d’une main distraite, il éprouva tout d’abord un certain étonnement à la vue de ce qu’elle contenait. C’était, collée sur de grandes feuilles de papier, toute une série d’articles découpés dans des journaux, articles consacrés pour la plupart aux comptes rendus des premières représentations, et dans lesquels le nom de Lise revenait à chaque alinéa auprès du nom de Paul.

Le prince hésita un moment à comprendre, puis le