Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/79

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rouge lui monta au front et, saisissant un billet qui accompagnait cet étrange envoi, il lut ces lignes infâmes :

« Ces articles ne disent pas tout au mari de la princesse Olsdorf, sans quoi ils lui apprendraient que sa femme vit publiquement avec Paul Meyrin, que cela est connu de tout Paris et que l’enfant qu’elle vient de mettre au monde est de son amant. »

— Oh ! les misérables ! s’écria le malheureux, je les tuerai !

Et, voulant tout savoir, il parcourut chacune de ces chroniques parisiennes qui redisaient son déshonneur.

Alors, les yeux remplis de larmes, il se cacha le visage dans les deux mains et réfléchit.

Quelques instants après, plus calme, décidé à ne prendre conseil ni de sa colère, ni de sa juste indignation, il sortit pour se perdre sous les allées ombreuses du parc, qu’il parcourut à grands pas durant une partie de la nuit.

Le lendemain matin, lorsqu’il embrassa tendrement son fils Alexandre à son réveil, on n’aurait rien pu lire sur sa physionomie ; sa résolution était irrévocablement prise.

Il donna aussitôt l’ordre de lui seller un cheval et se rendit à Elva.

Soublaïeff, qui était dans la cour de l’habitation au moment où son maître y pénétrait, s’élança pour tenir sa monture, et Pierre Olsdorf mit pied à terre.

— Je suis heureux de te trouver ici, dit-il à son fermier, je craignais que tu ne fusses en excursion dans le domaine. Or j’ai à te parler de choses graves. Comment va ta fille ?

— Bien, mon prince, répondit Soublaïeff ; elle et moi sommes à vos ordres. Qu’avez-vous donc ? Vous semblez inquiet, préoccupé.

— Je le suis, en effet. Tu sauras tout plus tard. En attendant, je viens te demander un service.

— Un service ! à moi ? Un service, vous le maître si bon au serviteur qui donnerait pour vous tout son sang. Parlez, parlez !